Mobilisation generale de l'OAS en 1961
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Des murs d'Alger étaient couverts de milliers de nouvelles affiches tricolores où se détachaient deux hommes qui brandissaient un drapeau français. L'un des hommes était coiffé d'une chéchia. Chacun portait une mitraillette. Au haut de l'affiche trois mots en gros caractère bleus : Aux armes, citoyens. En bas, une signature rouge : O.A.S.
Salan avait décrété la mobilisation générale des pieds-noirs ! Des centaines d'hommes avaient reçu à leur domicile un ordre de mission barré de tricolore : « Par ordre du général d'armée Raoul Salan, commandant en chef de l'armée secrète... »
Cette fois Salan annonçait la couleur. Dans un document secret à diffusion restreinte l'état-major O.A.S. indiquait que grâce à la masse de manoeuvre constituée par la foule des pieds-noirs il devenait possible d'amener l'opinion au point où le régime tomberait comme un fruit pourri et sans effusion de sang . La mobilisation de la population n'était pas un mot en l'air. Il fallait prendre en main ce peuple toujours prêt à crier, à gueuler, à envoyer des pierres sur le service d'ordre, à taper la casserole, à écrire Vive l'O.A.S. sur les murs, mais peu décidé à entreprendre la lutte les armes à la main. Les commandos Delta de Degueldre et de Pérez avaient fait leur plein. Trois cents hommes au maximum, dont une bonne moitié de rouleurs de mécaniques que le lieutenant et ses adjoints méprisaient cordialement. Il n'y en aurait pas plus. Degueldre rêvait à Budapest, Salan à Israël. Les pieds-noirs voulaient bien crier mais pas se battre. Alors il fallait se servir de la masse.

Chaque sous-secteur de l'organisation fit parvenir aux familles habitant les blocs d'immeubles placés sous son autorité le tract suivant : « Le général Salan a décrété la mobilisation générale. Cette mobilisation s'applique à toute la population française d'Algérie. En conséquence les mesures suivantes seront mises en application à compter du 15 janvier 1962 : »
1° Tout départ du territoire algérien sans autorisation du commandant de secteur O.A.S. local sera considéré comme une désertion et sanctionné en conséquence;
2° Les contacts seront pris par les responsables territoriaux O.A.S. Chacun a le devoir d'y répondre et de les faciliter au maximum.
Et pour montrer qu'il ne s'agissait pas de plaisanter avec les ordres du chef de l'O.A.S. quelques malheureux pieds-noirs qui, pressentant la catastrophe imminente, tentaient de mettre leurs biens et leurs familles à l'abri furent sanctionnés.
Pas question d'une amende mais de la mort. Les chefs de l'O.A.S. avaient décidé de faire le bonheur des pieds-noirs malgré eux. Mais pour cela il fallait qu'ils restent bon gré mal gré ! Un bijoutier juif fut ainsi traduit devant un tribunal militaire de l'O.A.S. et exécuté le jour même. Salan ne reculait devant rien. L'O.A.S. se vanta de ces exécutions dans un tract publié dans le courant du mois de janvier !Désormais la peur régnait sur Alger. Les colleurs d'affiches O.A.S. ne craignaient plus seulement de se retrouver nez à nez avec des barbouzes mais encore de ne pas en faire assez aux yeux de leurs responsables. Au sein des administrations, les fonctionnaires terrorisés virent certains de leurs collègues, syndicalistes, abattus pour n'avoir pas pensé tout à fait comme l'O.A.S. L'heure de la surenchère était arrivée.

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Terrorisme du désespoir